Retour de Québec: le début mais pas la fin
Je veux déménager: j'ai rencontré Québec et ses Québécois. Durant 7 jours (bien trop courts) sur place et 2 jours (bien trop longs) de trajets mouvementés, j'ai découvert cette ville magnifique qui fête cette année ses 400 ans, ses habitants extrêmement accueillants et son parler à nul autre pareil.
Une colossale projection de Robert Lepage, intitulée "Le Moulin à Images", retrace chaque soir durant 40 minutes, et devant des centaines de spectateurs fascinés, l'histoire de Québec depuis 1608 jusqu'à aujourd'hui, avec en guise d'écran les silos à grain du port de Québec: plusieurs centaines de mètres de long pour la plus grande projection architecturale jamais conçue.
Un "espace 400ème" le long des quais accueille concerts, spectacles, conférences et animations, fées en tulle et instruments musicaux hétéroclites.
La cordialité chaleureuse et spontanée des Québécois, jamais prise en défaut ni dans les bars, ni dans les magasins, ni dans les restaurants, ni même au coin d'une rue ou au détour d'un parc.
Règne végétal à l'honneur: au sol bourgeonnent les Jardins Ephémères, tandis que Franco Dragone lance à l'assaut des toits son Potager des Visionnaires.
Des glaces au safran, au sirop d'érable, aux bleuets, à la fraise-menthe-basilic. Et du sorbet à la cerise griotte.
Des muffins presque tous les matins, ou bien des oeufs au bacon avec des rôties et du beurre salé.
La peau et la ville dorées par le soleil omniprésent, comme à cette session de slam en plein air, ou encore cette balade des remparts autour du château Frontenac.
Les serveurs qui passent entre les tables la cafetière à la main pour remplir votre tasse, comme dans les films américains, pas comme chez nous.
Des marches, des marches et encore des marches, et des rues tellement pentues que je n'avais encore vu ça qu'à San Francisco.
L'eau qu'on vous offre gratuitement et à volonté dans tous les restaurants.
Des petits carrés bleus, illusion qui vous ferait toucher l'eau de la main.
Mais elle est plus bas, plus loin: effets et reflets.
Des fourrures qui pendent aux vitrines.
Visiter le 27-100 rue des partances avec Pierre Lapointe; se perdre en sa compagnie dans la forêt des mal-aimés, sans aucune envie de retrouver son chemin, croiser à un méandre du sentier le lion imberbe et la biche empoisonnée. Se remémorer que c'est Ninnie qui vous l'a fait découvrir voici plus d'un an déjà, cet artiste venu d'une galaxie fabuleuse et désaxée. Se demander ce qu'il en est de la chance, voguer sur ses mélodies lancinantes et ses mots délicats. Acheter son premier disque, introuvable en Belgique. Et le deuxième aussi, d'ailleurs.
Renoncer à compter les bus, qui semblent plus nombreux que les voitures parfois. Se dire que c'est beau.
Insolite vision d'une église qui n'est que façade.
C'est le paysage qui est plat, et le ciel qui est profond, en couches et en reliefs, tellement plus haut qu'ici.
Volutes en fer
Volutes en fleurs
Québec c'est le fun, Québec c'est tout sauf plate... Je veux déménager!